#SOLDÉES : un salaire vital pour les ouvrières du textile

7 octobre 2015

Comme je vous le disais hier sur Facebook, je voulais publier aujourd’hui un article sur l’association Ethique sur l’Etiquette, à l’occasion des un an de la campagne #soldées, et de la journée mondiale pour le travail décent.

Ethique sur l’Etiquette œuvre pour le respect des droits humains au travail, principalement dans l’industrie textile. J’ai entendu parler de cette association pour la première fois en avril 2013. A l’époque, les médias ont beaucoup donné la parole à leurs militantes. Un dramatique accident avait eu assez d’ampleur pour qu’il ne soit pas passé sous silence : l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza, au Bangladesh, avait fait 1138 morts et plus de 2000 blessés.

Il y a quelques mois, quand j’ai voulu lancer un blog sur la mode éthique, j’ai forcément eu envie de rencontrer cette association. J’ai pu poser mes questions à Nayla et à Emmanuelle. Il se trouve qu’il y a quelques jours, elles m’ont proposé une collaboration. J’ai été particulièrement enthousiaste : l’idée est d’être en contact étroit pour vous donner des informations fiables et précises quand je vous parle du sujet complexe de l’industrie textile.

Etique-sur-letiquette

Emmanuelle, chargée de mobilisation citoyenne, et Nayla, coordinatrice et porte-parole du collectif.

Venons-en à l’association elle-même et à ses actions. Ethique sur l’Etiquette est la branche française de la Clean Clothes Campaign. Elle existe depuis 20 ans et compte des collectifs locaux dans les quatre coins du pays. Sa méthode : sensibiliser le grand public à travers des campagnes de sensibilisation et interpeller directement des marques à travers des actions sur le terrain, des rapports documentés et des communiqués.

Il y a un an jour pour jour, le collectif a lancé la campagne #SOLDÉES. « Soldées », ce sont ces ouvrières exploitées au profit de la rentabilité des marques. L’action consistait notamment à attacher des étiquettes « SOLDÉES » aux vêtements dans les magasins. Le but : obtenir la garantie d’un salaire vital pour les ouvrières du textile, qui leur permette de subvenir à leurs besoins fondamentaux : se loger, se nourrir, se soigner, envoyer leurs enfants à l’école, épargner… Un site dédié a été lancé : www.quiestlamoinschere.org. Vous pouvez y signer la pétition de la campagne, et aller voir l’écart entre le salaire de misère payé aux travailleuses et le salaire dont elles auraient besoin pour vivre dignement. Mango, H&M, Gap, Desigual, Decathlon, Promod… Allez-y, vous serez surpris de jusqu’où vont certaines marques pour augmenter encore et encore leur rentabilité !

Salairedecent

Depuis cette campagne, de petites avancées ont eu lieu, mais les marques n’ont toujours pas remis en cause leur modèle économique. Aucune mesure n’a été prise, non plus, pour les rendre responsables des atteintes aux droits humains fondamentaux. Or, pour le collectif, les marques doivent avoir une responsabilité juridique vis-à-vis de leur chaîne de sous-traitance pour que les choses avancent. Une proposition de loi sur le devoir de vigilance des entreprises sera examinée au Sénat le 21 octobre prochain, après avoir été votée par l’Assemblée nationale le 30 mars dernier. Affaire à suivre donc… En attendant, n’oubliez pas de signer la pétition ici !

A très vite.

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4 Comments

  • Reply Sarah 2 novembre 2015 at 10:45

    Bonjour,

    C’est un article que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, merci pour ces éclairages 🙂
    Est-ce que tu en sais plus sur la proposition de loi et son passage au sénat ?

    Sarah.

    • Reply Manon 2 novembre 2015 at 15:11

      Bonjour Sarah, merci pour ton message 🙂
      Alors sur la proposition de loi « relative au devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre », quelques infos. Son but, c’est de responsabiliser les entreprises, les donneurs d’ordre, et du coup d’améliorer les conditions de travail dans les pays émergents. Elle a été adoptée par l’Assemblée nationale (en première lecture !) en mars. Le 21 octobre, elle a été examinée au Sénat. Mais problème et levée de boucliers des associations : un sénateur (Christophe-André Frassa, Les Républicains) a déposé une « motion préjudicielle », qui aurait sonné la fin des débats, au moins avant l’adoption d’une loi au niveau européen. Finalement, grâce à la pression d’associations et de sénateurs, il a fini par retirer sa motion. Du coup, le débat a été prolongé au 18 novembre. Affaire à suivre…

  • Reply Eve 16 janvier 2017 at 07:55

    Bonjour
    J’arrive bien après la bataille, mais je viens de découvrir ton blog, que je trouve formidable (quelle somme de travail et quelle rigueur!), et je reprends les articles depuis le début.
    On peut toujours signer la pétition (je viens de le faire), mais où en est on de la proposition de loi?…
    Merci pour tout!

    • Reply Manon 9 février 2017 at 14:40

      Désolée pour la réponse tardive! Merci beaucoup pour ton gentil commentaire 🙂 La proposition de loi a été approuvée par l’Assemblée nationale il y a quelques mois (les grandes entreprises vont devenir responsables des atteintes aux droits de l’homme et à l’environnement de leurs sous-traitants et fournisseurs, elles risqueront jusqu’à 10 millions d’euros. La possibilité de sanction au niveau pénal n’a par contre pas été retenue et les PME ne sont pas concernées). Mais la proposition de loi a été rejetée il y a quelques jours par le Sénat. Néanmoins elle devrait être adoptée définitivement le 21 février prochain par l’Assemblée nationale (dur de suivre !)

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