Photo : Marie-Louise Gaspard
Lucy Siegle l’explique dans son génial livre To die for, la mode éthique est la combinaison de trois critères : le social, l’environnement et l’esthétique. Mais il ne s’agit pas forcément de payer 400 € un pull équitable en alpaga dans une petite boutique du Marais… Il y a une multitude de manières d’avoir un dressing responsable ! J’ai listé 10 « critères », qui sont autant de manières de s’approprier la mode durable. Vous êtes particulièrement sensible à la cause animale ? Jetez un œil aux marques qui utilisent des alternatives au cuir. Vous n’avez pas un gros budget à consacrer à votre garde-robe ? Acheter un t-shirt en coton bio chez Monop ou un short Levi’s vintage, c’est aussi de la mode éthique ! Voici donc quelques idées pour faire du shopping en toute conscience, et faire des choix en fonction de votre budget, de vos aspirations et de vos besoins. Ça permet aussi de vous expliquer comment je choisis les marques dont je parle sur le blog et qui sont répertoriées dans la rubrique « Annuaire« .
1. LA RESPONSABILITÉ SOCIALE ENVERS LES PRODUCTEURS ET LES OUVRIERS
J’en avais déjà parlé ici, le pays n’est pas en soi un indicateur. Il suffit de voir les mauvaises conditions sanitaires et de sécurité dans les ateliers de Los Angeles, ou encore les ateliers clandestins en plein cœur de Paris. Mais ce sont quand même les pays occidentaux (Europe, Canada, Etats-Unis) qui sont les plus susceptibles de respecter les droits sociaux des employés grâce à l’inspection publique du travail et des syndicats forts.
Usine de la marque Everlane
2. LES MÉTHODES DE PRODUCTION AYANT PEU D’IMPACT SUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ
Là aussi, ce sont les pays occidentaux qui sont les plus à même de réduire leur impact, à travers le respect de normes environnementales, notamment en ce qui concerne les teintures. La réglementation européenne REACH contrôle ainsi l’utilisation des produits chimiques.
3. LA SLOW FASHION : UNE PRODUCTION RAISONNÉE
Ici, il n’est pas question d’usine, mais d’ateliers où les petits créateurs fabriquent en petite quantité, en prenant le temps nécessaire pour la qualité. Certains réalisent eux-mêmes leurs produits, comme Harpe. Le fait-main, c’est aussi faire soi-même ses vêtements. Il suffit de voir le succès des patrons réalisés par Lisa Gachet du blog Make my Lemonade pour s’en convaincre : la machine à coudre revient en force !
Harpe Paris
4. LES MATIÈRES ÉCOLOS
Ça peut être des tissus bio (sans pesticides) ou bien des tissus vintage ou matières recyclées (surtout le polyester) et des fibres naturelles ou nobles, comme la soie. Je vous prépare d’ailleurs un article sur les différentes matières. En France, Ekyog propose de nombreux articles en polyester recyclé.
5. LA PRODUCTION LOCALE
Acheter made in France permet de faire un geste pour l’emploi et l’environnement, et pour la préservation du savoir-faire. On ne le sait pas forcément, mais le secteur des chaussettes semble être pourvoyeur d’emploi dans l’Hexagone ! Plusieurs marques se sont lancées dans la fabrication 100% française, comme Bonne maison, Archiduchesse, Adèle, Royalties, Badelaine ou encore Pas chassé.
Chaussettes Bonne Maison
6. LE SAVOIR-FAIRE
Facile à repérer, la production artisanale est souvent un des arguments de vente des grandes maisons comme Repetto. Mais il n’y a pas qu’en France que l’artisanat a besoin de soutien. La créatrice Adriana Pavon a lancé une ligne d’accessoires inspirée par Frida Khalo pour préserver la tradition textile des Indigènes au Mexique.
7. LE RESPECT DU BIEN-ETRE DES ANIMAUX
De plus en plus de marques s’affichent « cruelty free », c’est à dire sans matière animale. Par exemple, la marque de sacs Matt & Nat utilise des bouteilles en plastique recyclées et des pneus de vélos recyclés, et le résultat ressemble à s’y méprendre à du cuir.
Matt & Nat
8. LE COMMERCE EQUITABLE
Il garantit des conditions commerciales juste pour les producteurs. La marque de chaussures Veja est une des enseignes les plus emblématiques. Le coton de la toile des baskets (labellisé Max Havelaar) et le caoutchouc de la semelle sont produits par des petits producteurs brésiliens. Le prix payé pour ces matières premières est supérieur au cours du marché mondial.
9. LE VINTAGE
On a de la chance, le vintage est à la mode. Pour trouver des articles de seconde main, vous avez donc le choix. On trouve des magasins de fripes un peu partout, même les Galeries Lafayette ont désormais leur corner vintage. Le choix sur les sites de vide-dressing comme Videdressing.com ou Vestiairecollective.com est toujours aussi important. Edit : j’ajoute le super site Vinted, qui regorge de petites pépites (Eva du blog MinimalEvaBee a écrit un super article sur sa méthode pour shopper efficacement sur ce site), et le site espagnol Micolet. Et puis il y a le troc. L’idée est la même à chaque fois : rallonger la durée de vie des vêtements.
Mon article sur les meilleures friperies en ligne
10. LE RECYCLAGE ET L’UP-CYCLING
Depuis quelques années, des marques de fast fashion ont mis en place des programmes de recyclage, comme H&M et Uniqlo. Mais aujourd’hui, on peut aller plus loin et fabriquer de nouveaux vêtements à partir de fibres issues d’un vêtement déjà porté ou d’un morceau de tissu. Une nouvelle méthode a même fait son apparition : l’upcycling. Elle consiste à fabriquer un vêtement avec une matière première qui n’était pas destinée à créer ce produit à l’origine. La marque américaine Reformation est une des pionnières en la matière. Elle utilise des matériaux vintage et issus de stocks non utilisés par les créateurs, sauvant ainsi des tonnes de tissus d’un destin funeste. Elle a lancé cet été son programme de recyclage en permettant à ses clients de renvoyer les vêtements dont ils ne veulent plus, et prodigue même des conseils écolos sous le hashtag #jointhereformation.
Les programmes de recyclage d’Uniqlo et H&M
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J’espère que cet article vous aura été utile. Et pour vous, c’est quoi la mode éthique ?
4 Comments
J’aime beaucoup cet article, très parlant pour connaître les bases d’une mode éthique. On pense souvent tout de suite aux matières ou au côté local, mais c’est vrai que d’encourager de bons salaires dans les pays en développement, aux matières recyclées ou au savoir faire sont souvent moins relevées. Merci 🙂
ohh mais j’avais pas vu que tu avais mis un lien vers mon article sur vinted !! merci ! <3
je t’en prie tu m’as convertie 🙂
Hello Manon,
je trouve très intéressant de parler de « mode durable » plus que de « mode éthique ».
J’ai constaté que souvent on confond mode éthique avec commerce équitable alors que les initiatives green & éthiques sont bien plus larges que cela tout en visant l’objectif commun « une consommation durable ».
J’en ai d’ailleurs fait un petit article ici : http://inadendesign.com/blog/mode-ethique-definition.
En tout cas, merci pour ce panorama d’actions possibles pour que chacun puisse à sa façon promouvoir une mode durable, j’espère que cela en inspirera le plus grand nombre !